Le digital va-t-il faire disparaître le Management de Transition ?

Il fera disparaître, ou réduira, certaines fonctions évidentes telles que l’intermédiation et la recherche de candidats.

Il en modifiera d’autres comme le pilotage des missions, le reporting automatisé, le pilotage à distance. Il pourrait aussi introduire l’intelligence artificielle en modélisant certains comportements managériaux.

Que restera t-il d’humain ? La relation humaine, justement. Tout du moins, à court terme, l’intervention de l’être humain sera nécessaire pour comprendre les enjeux des entreprises, par nature complexes et de plus en plus volatiles.

Mais plus précisément, le digital va-t-il faire disparaître les entreprises de management de transition ? C’est une question légitime que se pose plusieurs cabinets actuellement.

Le digital ne fera pas disparaître le management de transition

En revanche, il est certain que le digital va transformer la façon dont le métier s’exercera à l’avenir. Certaines façons de faire, certaines pratiques, vont tout simplement disparaître, comme ont disparu ou quasi disparu la photo argentique, les pompes à essence mécaniques ou encore les machines à écrire.

Les plateformes d’intermédiation digitales, qui mettent en relation d’un côté des entreprises, de l’autre des freelances, sont de plus en plus nombreuses. Elles rassemblent plusieurs millions de CVs. Ainsi, de nombreux freelances ne passe plus par des des cabinets intermédiaires, puisqu’ils peuvent, via ces plateformes, offrir directement leurs services.

De même, les entreprises qui ont besoin d’une compétence passent directement par une recherche sur internet, soit sur des plateformes tel que les réseaux sociaux, soit via des robots de recherche. Là non plus, nul besoin de cabinet d’intermédiation pour trouver un simple manager de transition.

Par conséquent, on voit bien que la partie « intérim » du management de transition, qui consiste à placer des séniors dans des entreprises pour une durée déterminée, va s’échapper de plus en plus vers des cabinets d’intérim cadre ou d’intérim dirigeants. C’est une bonne chose, car la valeur ajouté d’une mission de transition se trouve pour nous ailleurs.

Le digital modifiera d’autres fonctions liées au management de transition

Les cabinets de management de transition pilotent les missions qui leur sont confiées. On peut imaginer qu’une partie de ce pilotage sera de plus en plus automatisé et digitalisé.

En effet, grâce aux NTIC, on peut s’imaginer que le pilotage s’effectuera à distance. Ceci permettrait de réaliser de plus nombreux points en cours de mission, puisqu’on abolit les temps de trajet. Ceci permettra en particulier de réaliser de plus en plus de missions « décentralisées ». On assistera probablement à plus en plus de télétravail et de home office de la part des managers de transition.

Plus prospectif, mais plus intéressant, nous pourrions assister à l’introduction de l’intelligence artificielle en management de transition. En particulier, on s’aperçoit que certains comportements, que l’on rencontre typiquement en mission de management de transition, pourraient être modélisés et digitalisés. Si l’on rentre dans un logiciel d’intelligence artificielle des données brutes de comportement, ne pourrait-on pas espérer récupérer en retour des recommandations d’action ou de décision ?

Enfin nous serons de plus en plus en contact avec des digital natives, générations Y ou Z, des décideurs et équipes qui se comportent bien différemment des séniors. Ces jeunes générations tendent à gérer plusieurs tâches à la fois, ce qui peut entrainer une attention plus diffuse. Ils peuvent faire preuve d’un certaine immaturité mais ont une bien plus grande connaissance que les générations les précédant.

Que restera-t-il ?

Il restera ce qui n’est ni digitalisable ni modélisable. Je veux parler ici de la relation humaine.

  • Compréhension d’enjeux, par nature complexes car mix de plusieurs facettes du management : organisation / process / humain
  • Plaisir de travailler ensemble

Ceci se retrouve dans beaucoup de métiers dits « intellectuels » : avocats, consultants, experts. En ce qui concerne le management de transition, la spécificité du marché réside dans la compréhension des enjeux opérationnels d’une entreprise, qui oblige à envisager tous les aspects de l’action humaine : organisation, process, management, psychologie également.

Et, last but not least, le PLAISIR de travailler ensemble, de réaliser ensemble, ne semble pas facilement digitalisable. Mieux, le plaisir de travailler doit rester l’apanage de l’humain.

Comme souvent en cas de rupture technologique majeure, la question est de savoir quand le basculement vers un nouveau mode de travail va intervenir.

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